Cinq ans après le succès mondial de J'AI PERDU MON CORPS, Jérémy Clapin revient avec un film de genre en prise de vue réelle, tourné dans le Puy-de-Dôme. Présenté à la Berlinale en février dernier, le film sort aujourd'hui au cinéma. Read More

Un deuxième long-métrage attendu

En 2019, Jérémy Clapin s’est imposé comme figure de l’animation française grâce à son premier long-métrage J’AI PERDU MON CORPS, petit bijoux des studios Xilam, coproduit par Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma. Lancé au Festival de Cannes où il avait remporté le Grand Prix de la Semaine de la Critique, le film avait impressionné le monde entier par sa poésie et sa narration haletante. Sur son chemin, J’AI PERDU MON CORPS avait empoché les plus grands prix (Cristal et Prix du Public au Festival d’Annecy, deux César…), allant même jusqu’à la course à l’Oscar. Autant dire que le nouveau long-métrage du réalisateur est attendu.

Jérémy Clapin et le producteur Marc du Pontavice (Xilam) lors de la présentation de J’AI PERDU MON CORPS à la Semaine de la Critique à Cannes en 2019 ©Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma

Un virage à 180 degrés

Et pourtant, PENDANT CE TEMPS SUR TERRE pourrait bien prendre les spectateurs à contrepied. Pour son deuxième film, Jérémy Clapin a en effet voulu sortir de sa zone de confort, en s’essayant à la prise de vue réelle. Une proposition étonnante, que le réalisateur explique : « Je crois être allé chercher une matière à explorer que je ne trouvais pas en animation : un aspect brut, la nature, quelque chose de plus viscéral et organique. »

Jérémy Clapin ne rompt cependant pas avec son passé d’animateur. Dans PENDANT CE TEMPS SUR TERRE, le réalisateur a tenu à insérer des séquences animées, disséminées tout au long du film. « J’ai très vite décidé qu’il y aurait deux registres, l’animation et la prise de vue réelle, pour créer cette collision entre le réel et l’imaginaire. Faire dialoguer ces deux territoires, les imbriquer dans un seul et même récit est devenu la raison d’être de ce film. » explique-t-il.

De l’animation, le réalisateur a aussi conservé des méthodes de travail. Pour préparer son second film, Clapin a par exemple eu recours au story board, un outil graphique posant sur le papier chaque plan du film à la façon d’une bande-dessinée, très courant dans l’animation, mais assez rare dans le cinéma live-action français.

La science-fiction comme toile de fond d’un récit sur le deuil

Reste que le nouveau film de Jérémy Clapin devrait ravir les fans de films de genre. PENDANT CE TEMPS SUR TERRE est en effet à la croisée du fantastique, de la science fiction, ou encore du thriller psychologique. Il en ressort surtout une proposition hyper sensorielle aux plans léchés, qui nous plonge entièrement dans l’univers singulier du réalisateur.

Le film raconte l’histoire d’Elsa, jeune aide-soignante de vingt-trois ans, déboussolée par la perte de son frère spationnaute, disparu mystérieusement trois ans plus tôt au cours d’une mission spatiale. Un jour, elle est contactée depuis l’espace par une forme de vie inconnue qui prétend pouvoir ramener son frère sur Terre. Mais il y a un prix à payer…

Loin d’être un film de genre sans profondeur, PENDANT CE TEMPS SUR TERRE offre une vraie réflexion sur le deuil. Un deuil d’autant plus compliqué pour Elsa que le corps de son frère n’a jamais été retrouvé, la maintenant dans un entre-deux. Le film, à la fois complexe et tout en suggestion, présente également plusieurs niveaux de lecture qui devraient plaire aux amateurs de fins ouvertes.

Autre point fort du film, sa musique envoûtante signée Dan Levy. Fort du succès de leur collaboration sur J’AI PERDU MON CORPS, récompensée d’un César de la Meilleure musique originale, Jérémy Clapin a de nouveau fait confiance au co-fondateur du groupe The Dø. Pour PENDANT CE TEMPS SUR TERRE, le compositeur a convoqué le religieux en faisant appel à des choeurs dans les thèmes principaux. En résulte une bande-son à la fois puissante et mystique, qui donne au film une véritable épaisseur.

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Megan Northam crève l’écran

Pour incarner Elsa, personnage central du film, Jérémy Clapin a fait appel à l’actrice franco-britannique Megan Northam. Révélée en 2023 dans la série SALDE GRECQUE de Cédric Klapisch, la comédienne de vingt-neuf y incarnait Mia, la fille de Romain Duris, rôle qui lui avait valu le prix SérieMania de la révélation féminine la même année. Dans PENDANT CE TEMPS SUR TERRE, la comédienne est de tous les plans, et porte véritablement le film. C’est sur son jeu que repose en grande partie l’aspect fantastique du film, qui suggère plus qu’il ne montre. Le réalisateur va même jusqu’à avouer que « dire que le film lui doit beaucoup est un euphémisme. »

Le tournage en région

Après avoir en partie fabriqué J’AI PERDU MON CORPS à Villeurbanne dans les studios de Xilam, c’est à nouveau la région Auvergne-Rhône-Alpes que Jérémy Clapin a choisi comme terre d’accueil de son film. PENDANT CE TEMPS SUR TERRE a en effet été tourné dans le Puy-de-Dôme, d’août à octobre 2022, notamment dans les bois d’Orcines (scènes de forêt), à Saint-Éloy-les-Mines (maison d’Elsa), à Enval (centre hospitalier), mais aussi à Clermont-Ferrand, Royat, Maringues…

Accompagné par les bureaux d’accueil des tournages d’Auvergne-Rhône-Alpes, le film a employé trente technicien(ne)s, trois rôles, seize comédien(ne)s, et cent trente figurant(e)s originaires de la région Auvergne-Rhône-Alpes, principalement du Puy-de-Dôme.

Jérémy Clapin sur le tournage de PENDANT CE TEMPS SUR TERRE dans les bois d’Orcines au pied du Puy-de-Dôme (63) en août 2022 ©One World Films

Le film est à découvrir aujourd’hui au cinéma

À l’instar de J’AI PERDU MON CORPS, PENDANT CE TEMPS SUR TERRE est le fruit de la collaboration entre Jérémy Clapin et le producteur Marc du Pontavice (One World Films). Le film est également coproduit par Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma, et distribué par Diaphana. Présenté pour la première fois en section Panorama à la Berlinale en février dernier, et après plusieurs avant-premières, dont à Lyon, Valence et Clermont-Ferrand, le film sort ce mercredi 3 juillet au cinéma.

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